L'ogre et le serviteur

Au marché d'Embrun
L'ogre et le serviteur Marche11

L’Ogre et le Serviteur !

Devant une assiette, dont le serviteur avait pris grande minutie de
préparation, l’ogre éclata de rire et se chargea de son serviteur
tout en s’attablant. « Allons, pensez-vous rassasier ma faim avec
ce maigre repas ? ». Le serviteur sourit et assura : « Maître, vous
apprécierez la valeur de ces mets car je prends particulièrement
soin, ici, de votre palais ». « Mon bon serviteur, je ne sous-estime
pas la qualité de l’œuvre que vous me servez, mais vous savez
combien ma gourmandise aura très vite ingéré ceci ! » lui souligna
l’ogre. Le serviteur de répondre : « Je connais votre capacité à
engloutir, Maître, simplement voici que cette assiette et moi-même
vous convions à tempérer cette ardeur car en réalité vous aspirez
avant tout, devant chaque repas, à en extirper les parfums ;
simplement vous n’en récoltez qu’une infime parcelle en avalant
que trop rapidement, bien que vous vous gavez largement ».
L’ogre enjoué lui tint cette réflexion : « Vous êtes bienveillant cher
serviteur, vous prenez soin de votre Maître comme de vous-même.
J’entends parfaitement votre propos et dégusterai donc chaque
bouchée de votre offrande comme naturellement il se doit, avec
une plus grande appréciation ! » Par un geste modeste de la main,
le serviteur rendit grâce à l’assiette poétique et souhaita un
merveilleux appétit à son maître.
L’ogre invita : « Prenez donc une de mes meilleures bouteilles de
vin selon votre choix et venez partager ce moment avec moi,
nous nous réjouirons ensemble autour de la table ! Je vous dirai
les parfums et vous m’entretiendrez de mon cru. » Le serviteur
s’exécuta. Après un bref moment, la bouteille et deux coupes
apparurent sur un éclatant plateau d’argent. « Et bien, cette cave
à vins a-t-elle contenté votre éclectisme ? » devança l’ogre.
Le serviteur présenta le vin et répliqua : « Ce serait prétention que
d’hésiter à l’être devant pareilles vertus en votre cave mon Seigneur.
Ce Château Margaux accompagnera merveilleusement les mets
proposés et affectionnera ainsi l’espérance de votre palais.» Il
servit les coupes et prit place à l’autre extrémité de la table.
L’ogre huma le rouge, observa sa densité et porta un toast envers
l’esprit d’acuité dont l’âme siégeant face à lui tenait pour grande
estime. Le serviteur fit de même avant que d’entamer son goûter.
Son maître demanda quant à la valeur de son vin. Ce à quoi le
serviteur, d’un large sourire avança « Vous savez combien il est
agréable, Maître, d’apprécier ce nectar avec sagesse afin d’en
récolter toutes les subtiles richesses cependant, je puis déjà vous
confier que votre vin chantonne toutes les merveilles de vos
contrées et que ses années de méditation au sein de votre cave
lui ont permis de tisser une telle robe que j’y perçois la magnificence
de ma bien aimée ! » L’ogre éclata d’un grand rire et interrogea :
« L’élégance et le charme de votre bien aimée, mon bon serviteur,
tiendraient-ils uniquement dans l’art d’apprécier la table ? » et il prit
les couverts. « Ô Maître, la compassion de ma bien aimée envers
la nature est telle que tout acte s’habille naturellement d’une haute
considération chez elle et, tout secret est ainsi dévoilé. » L’ogre
concédant : « Vous êtes perspicace dans votre approche, cher
serviteur, car jamais je n’ai estimé un repas de la sorte, entrevoyant
la dévotion à y cultiver afin de se réjouir autant de l’assiette et de
la vigne ! Faites en sorte de convier votre complice à cette
table, dimanche qui s’envient, je vous serai toute ouïe. »
Le serviteur bénit cette invitation d’un large sourire et remercia :
« Comme il plaira à votre joie, Maître. »
L’ogre livra : « Mon très cher serviteur, ma joie est complice de la
vôtre ne l’oubliez point. Vous offrez en ma compagnie votre office
depuis de nombreuses années et, souvenez-vous, c’est avec fierté
que j’ à vous présenter devant des invités quelque peu
condescendants. Bien que vous me surpreniez souvent, je suis ravi
d'avoir un tel hôte à mes services qui ait tant d’esprit! J’ai remarqué,
lors du dernier buffet organisé à l’occasion de l’agréable dégustation
de mousseux importés par mon neveu des territoires de Cognac,
avec quelle dextérité vous aviez finalement confié à cette chafouine
et fallacieuse comtesse de l’Ordre des Chevaliers de Katarine-sur-Crocs
combien l’abondance de perles sur un collier fin accentuait l’ample
fatuité au mépris de la sagesse ! Je me souviens avoir étouffé un
éclat de rire pour éviter quelques nobles embarras car, encore une
fois, vous aviez tourné cette vérité à l’avantage de son précieux laquais. »
Le serviteur excipa vivement sa bonne foi :
« C’est, effectivement, bien plus le masque que je tentais à démasquer,
Seigneur, que la précieuse ridicule, si vous me permettez l’allusion,
qui réduisait le service en un sacrifice et l’être à l’esclavage. »
Et l’ogre d’émettre sa pensée : « Je crains fort que la noblesse
d’un sceau finisse bien souvent, hélas, par rendre sot même un
noble esprit ! » et, clignant un œil envers son serviteur :
« tout comme la gourmandise, tôt ou tard, gâte le palais. »

Avec joie,
Xavier

he mais t'es toujours en vacances..... lol

hum ça donne faim

marcamloucha a écrit:: he mais t'es toujours en vacances.....
hum ça donne faim

Quelques fruits pour la freedom

L'ogre et le serviteur Fuits10

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